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dessus des nuages, et n’aurais pas abattu la Chimère ! C’est toi, mon petit bien-aimé, c’est toi qui as tout fait. Maintenant, rendons la liberté à Pégase. »

Et il enleva la bride au coursier merveilleux.

« Sois libre pour toujours, mon Pégase ! cria-t-il avec des larmes dans la voix. Sois aussi libre que tu es rapide ! »

Mais Pégase reposa sa tête sur l’épaule de son maître, et ne voulut point partir.

« Eh bien ! alors, dit celui-ci en caressant sa crinière soyeuse, reste avec moi tant que tu voudras. Allons, par exemple, annoncer au roi Jobate la destruction de la Chimère ! »

Puis il embrassa le gracieux enfant, lui promit de revenir, et disparut.

Plus tard, à son tour, cet enfant s’éleva sur les ailes de l’immortel coursier, et, atteignant des sphères nouvelles, accomplit des hauts faits encore plus glorieux que la victoire de son ami sur la Chimère.

Car, de tendre et gracieux qu’il était, cet enfant devint… un grand poète !

Eustache Bright avait raconté la légende de Bellérophon avec une ardeur et une animation telles, qu’on l’aurait dit lui-même emporté par Pégase. Il eut la satisfaction de lire sur les visages épanouis