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— Ce sont de vieilles dames fort étranges, dit en riant Vif-Argent. Elles n’ont qu’un œil et qu’une dent pour elles trois ; c’est, en outre, à la clarté des étoiles, ou à la tombée de la nuit, qu’il faut les aborder : car elles ne se montrent jamais en plein jour, ni même au clair de lune.

— Mais pourquoi perdre mon temps à la recherche de ces trois vieilles femmes ? demanda Persée. Ne vaudrait-il pas mieux se mettre tout de suite en quête des terribles Gorgones ?

— Non, pas du tout. Il y a bien d’autres choses à accomplir avant d’arriver à ces dernières. Le seul moyen d’y parvenir, c’est de découvrir les trois vieilles, et, quand nous les aurons rencontrées, tu peux être bien sûr que les Gorgones ne seront pas loin. Mettons-nous donc en marche. »

Après ces paroles, notre héros se sentit tant de confiance dans la sagacité de son conseiller, qu’il ne fit plus d’objections, et se déclara prêt à commencer immédiatement son entreprise. Ils se décidèrent donc à partir, et cheminèrent d’un si bon pas, que Persée trouva assez difficile de suivre son agile compagnon. Pour parler net, il lui vint l’idée singulière que ce dernier était pourvu de souliers ailés, qui devaient, cela va sans dire, l’aider merveilleusement. Et puis, quand Persée le regardait du coin de l’œil, il lui semblait qu’il avait aussi des ailes de chaque côté de la tête ; mais, dès qu’il le regardait en face,