Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/41

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ment de longues chevelures grises ; et, comme elles s’avançaient toujours, il s’assura que deux d’entre elles avaient au milieu du front un trou qui était vide ; mais la troisième sœur avait son orbite pourvu d’un œil grand ouvert, qui étincelait comme un gros diamant à une bague. Cet œil lui parut si pénétrant, qu’il lui supposa la faculté de voir dans les ténèbres les plus profondes tout aussi distinctement qu’en plein midi. La vue des trois sœurs était concentrée dans cet organe unique.

Cependant les trois vieilles cheminaient à leur aise, comme si elles y avaient vu toutes les trois à la fois ; celle qui possédait l’œil en ce moment conduisait les deux autres par la main, jetant sans cesse autour d’elle des regards si attentifs, que Persée tremblait qu’elle ne vînt à le découvrir à travers l’épais et sombre buisson derrière lequel Vif-Argent et lui s’étaient blottis. Par ma foi, c’était vraiment terrible de se trouver à la portée d’un œil aussi perçant.

Avant d’arriver au plus épais des broussailles, l’une des trois femmes prit la parole :

« Sœur Infernale, s’écria-t-elle, n’y a-t-il pas assez longtemps que vous avez l’œil ? À mon tour, s’il vous plaît.

— Encore un petit moment, Satanite, répondit, Infernale. J’ai cru entrevoir quelque chose derrière un buisson épais qui n’est pas bien loin de nous.