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bruit du tonnerre ; mais, pour Persée, ce n’était qu’un murmure doux comme le souffle d’un enfant à moitié endormi. Alors une voix se fît entendre auprès de lui dans les airs, voix mélodieuse qui semblait appartenir à une femme, bien qu’elle eût encore plus de gravité que de douceur.

« Voilà les Gorgones, Persée, dit cette voix.

— Où donc ? s’écria-t-il ; je ne les aperçois pas.

— Sur le rivage de l’île au-dessus de laquelle tu passes. Si un caillou s’échappait de ta main, il tomberait au milieu d’elles.

— Je te l’avais bien dit, qu’elle serait la première à nous avertir ! » s’écria Vif-Argent.

Au-dessous de lui, en effet, à une profondeur de deux ou trois mille pieds, Persée distingua une petite île que la mer entourait d’un cercle d’écume, excepté d’un côté, où la plage était couverte de sable d’une blancheur de neige. Il descendit, et, dirigeant ses regards vers une enceinte resplendissante de lumière, au fond d’un précipice, il aperçut enfin les terribles Gorgones ! Elles dormaient d’un profond sommeil, bercées par le grondement des flots ; car il fallait, pour endormir ces féroces créatures, des mugissements dont toute autre personne eût été assourdie. Les rayons de la lune frappaient leurs écailles métalliques, et faisaient briller leurs ailes d’or nonchalamment étalées sur la grève. Leurs griffes de bronze, horribles à contempler, se cram-