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main. Il saisit une des quenouilles de son lit, et elle se transforma immédiatement en une magnifique colonne d’or cannelée. Il écarta le rideau de la fenêtre afin de contempler plus clairement les merveilles qu’il accomplissait, et le gland s’appesantit, à son contact, en un poids d’or massif, il toucha un livre posé sur la table : ce livre prit l’apparence d’un volume splendidement relié et doré sur tranche, comme on en voit souvent aujourd’hui ; mais il en tourna les pages du bout du doigt, et ce ne fut plus tard qu’une réunion de minces feuillets d’or sur lesquels ce qu’on avait écrit était devenu complètement illisible. Il se hâta de s’habiller, et fut dans le ravissement en se voyant revêtu de magnifiques habits de drap d’or, conservant toute leur souplesse et tout leur moelleux, malgré la pesanteur de l’étoffe, passablement accrue. Il tira son mouchoir de poche ourlé pour lui par la petite Marie-d’Or : aussitôt ce mouchoir prit un éclat nouveau ; tout, jusqu’à la trame du tissu et aux jolis petits points bien nettement piqués par la charmante enfant, tout fut changé en or !

Cette dernière transformation parut ne pas plaire entièrement au roi Midas : il aurait voulu conserver intact ce mouchoir que sa petite fille lui avait mis dans la main en grimpant sur ses genoux.

Mais, au bout du compte, c’était une bagatelle qui ne méritait pas qu’on s’en affectât. Midas prit alors