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DES IDÉES.

cours à des idées ou notions générales. Or, puisque, d’une part, le langage est le véhicule de la pensée ; et puisque, d’autre part, la pensée ou le moi est une chose générale qui ne peut rien admettre dans son sein qui ne soit de même nature qu’elle, ou qu’elle ne le rende identique à elle en se l’appropriant ; il s’ensuit que quand nous prenons idée d’une chose, c’est le général qui est en elle que nous saisissons, ou plutôt nous restituons à son individualité la généralité qui s’y trouve cachée ou contenue, et que nos sens n’avaient pu saisir.

Lorsque je dis, par exemple, ce livre, cette maison, à coup sûr j’ai l’intention de désigner une chose individuelle, et pourtant je n’y réussis pas ; il m’est tout à fait impossible de dire ce que je veux dire et de ne dire que cela ; car malgré moi j’associe la notion générale livre, maison, à une autre notion générale exprimée par les mots ce, cette, ou par tout autre signe du discours ou du geste qui convient aussi bien au livre qu’à mille autres choses. Mes sens se sont arrêtés sur une chose singulière ou individuelle, sur une seule chose en un mot, et cependant je ne puis la désigner ni dire ce qu’elle est sans éveiller des idées générales.

Il est donc faux de dire que, parmi nos idées, les unes sont générales, les autres particulières, et d’autres encore individuelles. Il n’y a point, et il ne saurait y avoir