Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 14.djvu/98

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romain osoient parler de vérités délicates qu’on trouveroit hardies dans nos sociétés particulieres, et qu’en Angleterre même on blâmeroit en public.

Observez encore que c’est chez les peuples où l’on a entretenu l’ignorance qu’il y a eu le plus de fanatisme, de crimes de tout genre, et d’opposition aux bonnes lois, quand il a pris fantaisie aux despotes ou à leurs ministres d’en faire. L’ignorance est le plus arbitraire des tyrans ; il faut des siecles pour s’en délivrer : au lieu qu’un instant de révolution chez un peuple éclairé suffit pour lui rendre tous ses droits à la liberté. Ce n’est pas là ce que cherchent les gouvernements. Ils favorisent les lumieres jusqu’à un certain point où ils voudroient les arrêter. Mais cela n’est guere en leur puissance. On ne peut les retarder qu’avec