Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/102

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En amitié, comme en amour, on fait souvent des romans : on en cherche par-tout le héros ; on croit à

    d’amitié à l’amitié intéressée. Sur quoi j’observerai qu’en fait d’amitié, la plus solide et la plus durable est communément celle des gens vertueux : cependant les scélérats mêmes en sont susceptibles. Si, comme l’on est forcé d’en convenir, l’amitié n’est autre chose que le sentiment qui unit deux hommes, soutenir qu’il n’est point d’amitié entre les méchants c’est nier les faits les plus authentiques. Peut-on douter que deux conspirateurs, par exemple, ne puissent être liés de l’amitié la plus vive ; que Jaffier n’aimât le capitaine Jacques-Pierre ; qu’Octave, qui n’étoit certainement pas un homme vertueux, n’aimât Mécene, qui sûrement n’étoit qu’une ame foible ? La force de l’amitié ne se mesure pas sur l’honnêteté de deux amis, mais sur la force de l’intérêt qui les unit.