Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/105

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ment, qui le sait ne passe pas du moins de l’amitié la plus vive à la haine la plus forte, et n’est point exposé à détester ce qu’il a aimé. Un ami vient-il à lui manquer ? il ne s’emporte point contre lui ; il gémit sur la nature humaine, et s’écrie, en pleurant, Mon ami n’a plus les mêmes besoins !

Il est assez difficile de se faire des idées nettes de l’amitié. Tout ce qui nous environne cherche à cet égard à nous tromper. Parmi les hommes il en est qui, pour se trouver plus estimables à leurs propres yeux, s’exagerent à eux-mêmes leurs sentiments pour leurs amis, se font de l’amitié des descriptions romanesques, et s’en persuadent la réalité, jusqu’à ce que l’occasion, les détrompant eux et leurs amis, leur apprenne qu’ils n’aimoient pas autant qu’ils le pensoient.