Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/137

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Tout alors prêchoit l’amour. Et quel ressort plus puissant pour mouvoir les ames ? La démarche, les regards, les moindres gestes de la beauté, ne sont-ils pas le charme et l’ivresse des sens ? Les femmes ne peuvent-elles pas à leur gré créer des ames et des corps dans les imbéciles et les foibles ? La Phénicie n’a-t-elle pas, sous le nom de Vénus ou d’Astarté, élevé des autels à la beauté ?

Ces autels ne pouvoient être abattus que par notre religion. Quel objet (pour qui n’est pas éclairé des rayons de la foi) est en effet plus digne de notre adoration que celui auquel le ciel a confié le dépôt précieux du plus vif de nos plaisirs ? plaisirs dont la jouissance seule peut nous faire supporter avec délices le pénible fardeau de la vie, et nous consoler du malheur d’être.