Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/160

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C’est la législation, si je l’ose dire, qui nous excite au vice, en y amalgamant trop souvent le plaisir. Le grand art du législateur est l’art de les désunir, et de ne laisser aucune proportion entre l’avantage que le scélérat retire du crime, et la peine à laquelle il s’expose. Si parmi les gens riches, souvent moins vertueux que les indigents, on voit peu de voleurs et d’assassins, c’est que le profit du vol n’est jamais, pour un homme riche, proportionné au risque du

    même motif qu’on acquitte si scrupuleusement les dettes du jeu, et qu’on fait si impudemment banqueroute à ses créanciers. Or, si l’intérêt fait faire aux coquins ce que la vertu fait faire aux honnêtes gens, qui doute qu’en maniant habilement le principe de l’intérêt un législateur éclairé ne pût nécessiter tous les hommes à la vertu ?