Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/17

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que les cris de la victoire. Ce peuple étoit alors comparable à ces matelots qui, voyant la mer calme, les zéphyrs enfler doucement les voiles et rider la surface des eaux, se livrent à une joie indiscrete ; tandis que le pilote attentif voit s’élever à l’extrémité de l’horizon le grain qui doit bientôt bouleverser les mers.

Si le sénat Romain n’eut point égard au conseil de Scipion, c’est qu’il est peu de gens à qui la connoissance du passé et du présent dévoile celle de l’avenir[1] ; c’est que, semblables au chêne, dont l’accroissement ou le dépérissement est insensible aux insectes éphémeres qui rampent sous

  1. Souvent un petit bien présent suffit pour enivrer une nation, qui, dans son aveuglement, traite d’ennemi de l’état le génie élevé qui dans ce petit bien présent découvre de grands maux à ve-