Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/173

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Enhardis par la foiblesse des peuples, les princes se font despotes. Ils ne savent pas qu’ils suspendent eux-mêmes sur leurs têtes le glaive qui doit les frapper ; que, pour abroger toute loi, et réduire tout au pouvoir arbitraire, il faut perpétuellement avoir recours à la force, et souvent employer le glaive du soldat. Or l’usage habituel de pareils moyens, ou révolte les citoyens et les excite à la vengeance, ou les accoutume insensiblement à ne reconnoître d’autre justice que la force.

Cette idée est long-temps à se répandre dans le peuple ; mais elle y perce, et parvient jusqu’au soldat. Le soldat apperçoit enfin qu’il n’est dans l’état aucun corps qui puisse lui résister ; qu’odieux à ses sujets le prince lui doit toute sa puissance : son ame s’ouvre, à son insu, à des projets auda-