Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/182

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L’autre est fondé par le temps, le luxe et la mollesse. La nation chez laquelle il s’établit est comparable à ce même chêne, qui, peu-à-peu courbé, perd insensiblement le ressort nécessaire pour se redresser. C’est de cette derniere espece de despotisme dont il s’agit dans ce chapitre.

Chez les peuples soumis à cette forme de gouvernement, les hommes en place ne peuvent avoir aucune idée nette de la justice ; ils sont à cet égard plongés dans la plus profonde ignorance. En effet, quelle idée de justice pourroit se former un visir ? Il ignore qu’il est un bien public. Sans cette connoissance, cependant, on erre çà et là sans guide ; les idées du juste et de l’injuste reçues dans la premiere jeunesse s’obscurcissent insensiblement, et disparoissent enfin entièrement.