Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/184

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paresse, l’inutilité, l’inhabitude, et même le danger de penser, en entraîne bientôt l’impuissance. On pense peu dans les pays où l’on tait ses pensées. En vain diroit-on qu’on s’y tait par prudence, pour faire accroire qu’on n’en pense pas moins ; il est certain qu’on n’en pense pas plus, et que jamais les idées nobles et courageuses ne s’engendrent dans les têtes soumises au despotisme.

Dans ces gouvernements, on n’est jamais animé que de cet esprit d’égoïsme et de vertige qui annonce la destruction des empires. Chacun, tenant les yeux fixés sur son intérêt particulier, ne les détourne jamais sur l’intérêt général. Les peuples n’ont donc en ces pays aucune idée ni du bien public ni des devoirs des citoyens. Les visirs, tirés du corps de cette même nation, n’ont donc en