Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/19

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une tête également élevée, le sage voit leurs cimes orgueilleuses, perpétuellement démolies par les siecles, s’ébouler dans les vallons et les combler de leurs ruines ; mais ce ne sont jamais que des hommes accoutumés à méditer qui, voyant l’univers moral, ainsi que l’univers physique, dans une destruction et une reproduction successives et perpétuelles, peuvent appercevoir les causes éloignées du renversement des états. C’est l’œil d’aigle des passions qui perce dans l’abyme ténébreux de l’avenir : l’indifférence est née aveugle et stupide. Quand le ciel est serein et les airs épurés, le citadin ne prévoit point l’orage : c’est l’œil intéressé du laboureur attentif qui voit avec effroi des vapeurs insensibles s’élever de la surface de la terre, se condenser dans les cieux, et les couvrir de ces nuages noirs