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marche des armées, il avoit souvent examiné les querelles des mulets et des muletiers, et qu’à la honte de l’humanité, la raison étoit presque toujours du côté des mulets.

M. du Vernay, si savant dans l’histoire naturelle, et qui connoissoit à la seule inspection de la dent d’un animal s’il étoit carnassier ou pâturant, disoit souvent : « Qu’on me présente la dent d’un animal inconnu ; par sa dent, je jugerai de ses mœurs ». À son exemple un philosophe moral pourroit dire : « Marquez-moi le degré de pouvoir dont un homme est revêtu ; par son pouvoir, je jugerai de sa justice ». En vain, pour désarmer la cruauté des visirs, répéteroit-on, d’après Tacite, que le supplice des critiques est la trompette qui annonce à la postérité la honte et les vices de leurs bour-