Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/243

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gigot dont il avoit dîné. Se tournant alors vers M. Walpole : « Milord, ajouta-t-il, pensez-vous qu’un homme qui se contente d’un pareil repas soit un homme que la cour puisse aisément gagner ? dites au roi ce que vous avez vu ; c’est la seule réponse que j’aie à lui faire ». Un pareil discours part d’un caractere qui sait rétrécir le cercle de ses besoins. Et combien en est-il qui, dans un pays riche, résistent à la tentation perpétuelle des superfluités ? Combien la pauvreté d’une nation ne rend-elle pas à la patrie d’hommes vertueux que le luxe eût corrompus ! « Ô philosophes, s’écrioit souvent Socrate, vous qui représentez les dieux sur la terre, sachez comme eux vous suffire à vous-mêmes, vous contenter de peu ; sur-tout n’allez point en rampant importuner les princes et les