Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/253

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En vain dira-t-on qu’éclairés par le besoin les princes, en cette extrémité, devroient avoir recours à la monnoie des honneurs : si, dans les républiques pauvres, où la nation en corps est la distributrice des graces, il est facile de rehausser le prix de ces honneurs, rien de plus difficile que de les mettre en valeur dans un pays despotique.

Quelle probité cette administration de la monnoie des honneurs ne supposeroit-elle pas dans celui qui voudroit y donner du cours ! Quelle force de caractere pour résister aux intrigues des courtisans ! Quel discernement pour n’accorder ces honneurs qu’à de grands talents et de grandes vertus, et les refuser constamment à tous ces hommes médiocres qui les décréditeroient ! Quelle justesse d’esprit pour saisir le moment précis où ces honneurs, devenus trop communs, n’ex-