Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/50

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obtenir des faveurs, ou d’en imposer aux hommes, et de les forcer, par l’espoir confus d’une récompense, à écarter de lui toutes les peines, et à rassembler près de lui tous les plaisirs ?

Dans ces avares voluptueux qui ne méritent pas proprement le nom d’avares, l’avarice est donc l’effet immédiat de la crainte de la douleur et de l’amour du plaisir physique. Mais, dira-t-on, comment ce même amour du plaisir ou cette même crainte de la douleur peuvent-ils l’exciter chez les vrais avares, chez ces avares infortunés qui n’échangent jamais leur argent contre des plaisirs ? S’ils passent leur vie dans la disette du nécessaire, et s’ils s’exagerent à eux-mêmes et aux autres le plaisir attaché à la possession de l’or, c’est pour s’étourdir sur un malheur que personne ne veut ni ne doit plaindre.