Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/62

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proportionnée aux plaisirs qu’ils sauront lui procurer.

Mais, dira-t-on, ne seroit-ce pas plutôt du respect et de l’adoration des hommes dont l’ambitieux seroit jaloux ? Dans le fait c’est le respect des hommes qu’il desire ; mais pourquoi le desire-t-il ? Dans les hommages qu’on rend aux grands ce n’est point le geste du respect qui leur plaît. Si ce geste étoit par lui-même agréable, il n’est point d’homme riche qui, sans sortir de chez lui, et sans courir après les dignités, ne se pût procurer un tel bonheur. Pour se satisfaire il loueroit une douzaine de porte-faix, les revêtiroit d’habits magnifiques, les barioleroit de tous les cordons de l’Europe, les tiendroit le matin dans son antichambre pour venir tous les jours payer à sa vanité un tribut d’encens et de respects.