Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/91

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chacun a de son mérite, et par conséquent à l’orgueil, qui, voulant s’estimer, et ne pouvant s’estimer seul, a besoin du suffrage public pour étayer la haute opinion qu’il a de lui-même, et pour jouir du sentiment délicieux de son excellence ?

Mais, si nous ne devions qu’à ce motif le desir de l’estime, alors l’estime la plus étendue, c’est-à-dire, celle qui nous seroit accordée par le plus grand nombre d’hommes, nous paroîtroit sans contredit la plus flatteuse et la plus desirable, comme la plus propre à faire taire en nous une méfiance importune, et à nous rassurer sur notre mérite. Or, supposons les planetes habitées par des êtres semblables à nous ; supposons qu’un génie vînt à chaque instant nous informer de ce qui se passe, et qu’un homme eût à choisir entre l’estime de son