Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/93

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public, qui, toujours juste dans ses jugements, méprise quiconque est assez indifférent à son estime pour accepter un emploi qu’il ne peut remplir dignement : qu’on se demande encore pourquoi l’on est plus flatté de l’estime d’un prince que de celle d’un homme sans crédit ; et l’on verra que dans tous les cas notre amour pour l’estime est proportionné aux avantages qu’elle nous promet.

Si nous préférons à l’estime d’un petit nombre d’hommes choisis celle d’une multitude sans lumiere, c’est que dans une multitude nous voyons plus d’hommes soumis à cette espece d’empire que l’estime donne sur les ames ; c’est qu’un plus grand nombre d’admirateurs rappelle plus souvent à notre esprit l’image agréable des plaisirs qu’ils peuvent nous procurer.