Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/146

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il est bon d’observer qu’on ne peint jamais bien les passions et les sentiments si l’on n’en est soi-même susceptible. Place-t-on un héros dans une situation propre à développer en lui toute l’activité des passions ? pour faire un tableau vrai il faut être affecté des mêmes sentiments dont on décrit en lui les effets, et trouver en soi son modele. Si l’on n’est passionné on ne saisit jamais ce point précis que le sentiment atteint, et qu’il ne franchit jamais[1] : on est toujours en deçà ou au-delà d’une nature forte.

  1. Dans les ouvrages de théâtre, rien de plus commun que de faire du sentiment avec de l’esprit. Veut-on peindre la vertu ? on fera exécuter en ce genre à son héros des actions que les motifs qui le portent à la vertu ne lui permettent point de faire. Il est peu de poëtes dramatiques exempts de ce défaut.