Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il fera tourner quelquefois le sentiment en maxime.

Comment ne seroit-on pas à cet égard la dupe de l’esprit ? Le propre de l’esprit est d’observer, de généraliser ses observations, et d’en tirer des résultats ou des maximes. Habitué à cette marche, il est presque impossible que l’homme d’esprit qui, sans avoir senti l’amour, en voudra peindre la passion, ne mette, sans s’en appercevoir, souvent le sentiment en maxime. Aussi M. de Fontenelle a-t-il fait dire à l’un de ses bergers :

On ne doit point aimer lorsqu’on a le cœur tendre ;


idée qui lui est commune avec Quinault, qui l’exprime bien différemment lorsqu’il fait dire à Atys :

    Si j’aimois un jour, par malheur,
        Je connois bien mon cœur,
        Il seroit trop sensible.