Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/165

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qu’on n’a jusqu’à présent, par aucune des épithetes applicables au grand esprit, désigné ceux qui remplissent des emplois utiles, mais dont l’exercice n’exige point d’invention. Le même usage qui donne l’épithete de bon au juge, au financier[1], à l’arithméticien habile, nous permet d’appliquer l’épithete de sublime au poëte, au législateur, au géometre, à l’orateur. L’esprit suppose donc toujours invention. Cette invention, plus élevée dans le génie, embrasse d’ailleurs plus d’étendue de vue ; elle suppose par conséquent, et plus de cette opiniâtreté qui triomphe de toutes les diffi-

  1. Je ne dis pas que de bons juges, de bons financiers, n’aient de l’esprit ; mais je dis seulement que ce n’est pas en qualité de juges ou de financiers qu’ils en ont, à moins que l’on ne confonde la qualité de juge avec celle de législateur.