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lumineuses qu’il réfléchissoit ensuite sur la multitude.

Dans les sciences, le génie, semblable au navigateur hardi, cherche et découvre des régions inconnues. C’est aux esprits de lumiere à traîner lentement sur ses traces et leur siecle et la lourde masse des esprits communs.

Dans les arts, le génie, moins à portée des esprits de lumiere, est comparable au coursier superbe qui, d’un pied rapide, s’enfonce dans l’épaisseur des forêts, et franchit les halliers et les fondrieres. Occupés sans cesse à l’observer, et trop peu agiles pour le suivre dans sa course, les esprits de lumiere l’attendent, pour ainsi dire, à quelques clairieres, l’y entrevoient, et marquent quelques-uns des sentiers qu’il a battus ; mais ils ne peuvent jamais en dé-