Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/23

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vrages, vécu avec les hommes les plus propres à les éclairer, et que de ce nombre ainsi réduit je retranche encore tous ceux dont la mort, les renversements de fortune, ou d’autres accidents pareils, ont arrêté les progrès ; je dis que, dans la forme actuelle de notre gouvernement, la multitude des circonstances dont le concours est absolument nécessaire pour former de grands hommes s’oppose à leur multiplication, et que les gens de génie doivent être aussi rares qu’ils le sont.

C’est donc uniquement dans le moral qu’on doit chercher la véritable cause de l’inégalité des esprits. Alors, pour rendre compte de la disette ou de l’abondance des grands hommes dans certains siecles ou certains pays, on n’a plus recours aux influences de l’air, aux différents éloignements où