Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/64

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que tout autre genre d’écrire. Pourquoi donc, entre les écrivains, les bons historiens sont-ils si rares ? C’est que, pour s’illustrer en ce genre, il faut non seulement naître dans l’heureux concours de circonstances propres à former un grand homme, mais encore dans des pays où l’on puisse impunément pratiquer la vertu et dire la vérité. Or le despotisme s’y oppose, et ferme la bouche aux historiens[1], si sa puissance n’est à cet égard enchaînée par quelque préjugé, quelque

  1. Si dans ces pays l’historien ne peut, sans s’exposer à de grands dangers, nommer les traîtres qui dans les siècles précédents ont quelquefois vendu leur patrie ; s’il est forcé de sacrifier ainsi la vérité à la vanité de descendants souvent aussi coupables que leurs ancêtres ; comment en ces pays un ministre feroit-il le bien public ? Quels obstacles ne mettroient