Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/85

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infinité de pays, que luire, disparoître, et les abandonnent aux ténebres de l’ignorance. Les siecles les plus féconds en grands hommes sont presque toujours suivis d’un siecle où les sciences et les arts sont moins heureusement cultivés. Pour en connoître la cause, ce n’est point au physique qu’il faut avoir recours ; le moral suffit pour nous la découvrir. En effet, si l’admiration est toujours l’effet de la surprise, plus les grands hommes sont multipliés dans une nation, moins on les estime, moins on excite en eux le sentiment de l’émulation, moins ils font d’efforts pour atteindre à la perfection, et plus ils en restent éloignés. Après un tel siecle il faut souvent le fumier de plusieurs siecles d’ignorance pour rendre de nouveau un pays fertile en grands hommes.