Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/132

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dans ces temps malheureux où les princes sont forcés de les appeler. Dans tout autre instant, le besoin seul pourroit attirer à la cour les gens de mérite ; et, dans cette position, il en est peu qui conservent la même force, la même élévation d’ame et d’esprit. Le besoin est trop près du crime.

Il résulte, de ce que je viens de dire, que c’est exactement demander l’impossible que d’exiger de grands talents de ceux qui, par leur état et leur position, ne peuvent être animés de passions fortes. Mais que de demandes pareilles ne fait-on pas tous les jours ! On crie contre la corruption des mœurs ; il faut, dit-on, former des hommes vertueux : et l’on veut à-la-fois que les citoyens soient échauffés de l’amour de la patrie, et qu’ils voient en silence les malheurs qu’occasionne une mauvaise législation ! On ne sent