Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/135

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ve, qui n’ait à cet égard une grande supériorité sur les philosophes les plus célebres. C’est avec la même injustice qu’on exige qu’un homme qui n’a jamais lu ni étudié, et qui a passé trente ans de sa vie dans la dissipation, devienne tout-à-coup capable d’étude et de méditation. On devroit cependant savoir que c’est à l’habitude de la méditation qu’on doit la capacité de méditer ; que cette même capacité se perd lorsqu’on cesse d’en faire usage. En effet, qu’un homme, quoique dans l’habitude du travail et de l’application, se trouve tout-à-coup chargé d’une trop grande partie de l’administration, mille objets différents passeront rapidement devant lui : s’il ne peut jeter sur chaque affaire qu’un coup-d’œil superficiel, il faut par cette seule raison qu’au bout d’un certain temps cet homme devienne