Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/37

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terreur, vouloir imposer silence aux gens de génie, et priver l’humanité des lumieres utiles qu’ils peuvent lui procurer ?

Vous obéissez, dites-vous, à la religion. Mais elle vous ordonne la méfiance de vous-mêmes et l’amour du prochain. Si vous n’agissez pas conformément à ces principes, ce n’est donc pas l’esprit de Dieu qui vous anime[1]. Mais, direz-vous, quelles sont donc les divinités qui m’inspirent ? La paresse et l’orgueil. C’est la

  1. Si le même dévot fanatique, doux la Chine et cruel à Lisbonne, prêche dans les divers pays la tolérance ou la persécution, selon qu’il y est plus ou moins puissant, comment concilier des conduites aussi contradictoires avec l’esprit de l’évangile, et ne pas sentir que, sous le nom de la religion, c’est l’orgueil de commander qui les inspire ?