Page:Helvétius - Notes de la main d’Helvétius, éd. Keim, 1907.djvu/30

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la sagesse préside aux conseils et le sort a l’événement

il est un tems selon Salomon pour rire et un autre pour pleurer et selon epicure il est un tems pour être sobre et un tems pour être sensuel Salomon et Epicure se sont souvent démentis dans leur conduite

Chasteté. Epicure ne la regardoit pas comme vertu mais il concevoit la luxure comme un vice il vouloit que la sobriété fut un économie de l’appétit et que les plaisirs présents ne nuisissent point aux plaisirs avenirs[1]

Les grands[2] n’estiment souvent qu’autant qu’on les ençence

Grandeur. Tous les objets sont pour les grands des miroirs ou leur grandeur se réfléchit, voila pourquoy ils aiment souvent leur[3] inférieurs[4]

les hommes ont presque tous besoin d’eux ce sont des sphères immenses qui entraînent dans le mouvements de leurs tourbillons une infinité de planètes sur lesquelles ces sphères répandent leur clartés, les planètes leur doivent leur mouvement etc

la flatterie trouve en vain pour louer les grands des tours nouveaux c’est pour eux une nouvelle voix qui chante dans un concert (et leur vie n’est pour eux que le concert de la louange)

  1. Helvetius part de l’Épicurisme, de la nécessite naturelle pour les hommes de vouloir le plaisir, le bonheur.
  2. St-Lambert dit qu’Helvetius s’ennuyait dans la société des grands. Fermier-général, puis maître d’hôtel de la Reine, il devait les voir de près, et recevoir dans son salon de la rue Ste-Anne de très hauts personnages. Mais il n’attachait de prix qu’à leur valeur intellectuelle. Il ne les a pas ménagés dans ses livres. C’est avec raison qu’on peut classer Helvetius parmi les « moralistes », le rattacher non seulement à La Rochefoucauld, mais encore à La Bruyère.
  3. Leur est toujours écrit au singulier.
  4. On trouve souvent, dans Helvetius, des pensées simples et vigoureuses, des vues exactes et cruelles qui l’ont penser à Montaigne, a l’auteur amer et profond des Maximes, à Vauvenargues.