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de leurs toits qui tranchent en deux le disque brouillé d’une indécise lune.



Scène SIXIÈME

LA SIDONIE (seule)

Dans le silence, au milieu du calme pénétrant de la place, brusquement l’étalage du coiffeur s’allume et, sur un rideau de chevelures, la sidonie va étinceler, les épaules nues, la bouche rose, les seins étayés par un corsage de satin blanc. Elle étincelle. De la lumière l’encadre d’une auréole et elle apparaît, immobile, la physionomie placide, divine en son costume de mariée, pareille à ces madones qui, dominant les tabernacles dans le jour assombri des voûtes, se détachent radieuses sur un fond d’or.

Elle frissonne.

Lentement ses yeux s’animent, sa poitrine vibre. Un sourire lui met de la clarté aux dents. Elle étire avec volupté ses bras, élevant ainsi une ombre sur son visage et à sa céleste quiétude succède une pâmoison avachie, une torpeur éreintée de fille.



Scène SEPTIÈME

LA SIDONIE, PIERROT
puis LES PORTEURS D’UNE CHAISE

La porte du cabaret s’ouvre et dans le jet d’une flamme de lycopode, vomit Pierrot dont le nez