Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/47

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a, sans scrupule, acheté cette contrée. En Italie, on harcèle les Juifs, on rétablit la féodalité. En Espagne, on ressuscite l’Inquisition, dont l’existence calomnie l’Évangile et qui a fait brûler les ancêtres des Maures établis dans mes états. Le despotisme y tourmente des hommes qui s’étoient dévoués au bonheur de leur pays, et ceux même qui, d’après ses décisions, s’étoient soumis à un nouveau Gouvernement. En Helvétie, des patriciens, irrités de voir leurs ci-devant sujets élevés au rang de citoyens, s’efforcent de reconquérir des prérogatives usurpées. En Angleterre, on fait la presse des matelots, et l’on condamne en Irlande une nation entière à la nullité politique.

« Vous prétendez qu’on ne peut féconder le sol des Antilles et avoir des denrées coloniales, si elles ne sont arrosées des sueurs d’hommes arrachés aux régions africaines : n’ai-je pas le même droit d’enlever les artistes et les artisans Européens, plus experts que mes compatriotes, et sans lesquels jamais ne fleuriront dans mes états l’industrie et les arts d’utilité et