Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/278

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depputez de ceulx de la Religion de chascune generalité y ont esté envoyez pour descharger ceulx qui avoient esté surchargez au departement qui fut faict, il y a ung an, de partie de la somme de six cens soixante [et] tant mil livres accordez par le Roy mon seigneur, estre levez sur ceulx de la Religion ; à quoy il estoit necessaire de pourveoir, parce que aultrement, en quelques generalitez, lesdicts de la Religion ne vouloient proceder à aulcune cotisation ou levée de la somme qui leur estoit imposée. Par mesme moyen ils ont apporté des memoires des contraventions à l’edict de pacification, afin d’en requerir du Roy, avec toute humilité, justice et reparation. Ce que je me suis chargé de faire par ledict sr de Lezignan ; à ce que par là lesdictz de la Religion ayent contentement, et qu’en donnant ordre à leurs plainctes et reparant lesdictz actentatz, l’opinion qu’ilz ont conceue de la continuation et de l’infraction de l’edict et impunitez soit chassée de leurs cueurs et entendementz, et la paix de plus en plus asseurée. Calignon[1], deputé de la province du Daulphiné, est venu en ladicte assemblée, avec charge d’adviser aux dictes surcharges, et faire quelques plainctes pour la dicte province, qui sont insérées au cahier general qui vous sera porté par le dict sieur de Lezignan ; ensemble pour se justifier

  1. Geoffroy, Sofroi ou Soffrey de Calignon était né à Saint-Jean, près de Voiron, en Dauphiné, au milieu du xvie siècle. Les esprits les plus distingués de son temps, d’Aubigné, de Thou, Casaubon, s’accordent pour faire de lui un pompeux éloge. Sa vie a été écrite par Guy Alard. Il se montra constamment l’un des partisans les plus zélés de la nouvelle religion. Il fut successivement secrétaire du roi de Navarre, puis conseiller et ensuite président en la chambre de l’édit de Grenoble ; enfin chancelier de Navarre. « Le roi Henri IV n’étant que roi de Navarre, dit Chorier, avoit employé Calignon dans les plus difficiles affaires ; il n’en avoit pas alors d’autres. Étant devenu roi de France, il n’eut pas de ministre qu’il estimât plus. Il le fit chancelier de Navarre. L’édit de Nantes est son ouvrage ; il y travailla plus que nul autre. » (Abrégé de l’histoire du Dauphiné, l. X.) De Thou confirme cette dernière assertion : « J’ai, dit-il, travaillé avec lui durant trois ans entiers à procurer l’édit de Nantes. » (Hist. univ. liv. CXXXVI, ann. 1606.) Calignon était le confident de Lesdiguières, gouverneur du Dauphiné et zélé huguenot, qui l’avait envoyé auprés du roi de Navarre, tant pour la réunion des religionnaires de leurs deux gouvernements que pour les affaires du maréchal de Bellegarde, très-favorisé par Lesdiguières.