Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/290

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pillage et saccagement de la dicte ville ; de quoy j’ay esté grandement desplaisant, tant pour l’enormité de l’execution que pour le prejudice qu’elle peut apporter à l’establissement de la paix, en donnant par ce mauvais exemple occasion à d’autres turbulens d’en faire le semblable. Ce que je m’asseure que vous reprouvés autant que moy, pour le mal qui s’en peut ensuivre, mesmes au prejudice de l’estat de vostre gouvernement, estant pour ceste occasion trés necessaire d’en faire faire justice et une griefve, exemplaire pugnition pour faire contenir tous autres entrepreneurs en leur debvoir. Qui faict que j’en escrips une lettre à messrs de la chambre de la justice establye à Lisle[1], pour commettre deux d’entre eulx pour se transporter sur le lieu et en informer, et proceder contre les coulpables, selon leurs demerites. À quoy je vous prye de tenir la main et faire cognoistre à chascun combien c’est chose eslongnée de vostre intention ; estant trés certain que, s’il ne s’en faict prompte pugnition, il est impossible qu’il en puisse advenir qu’une plus licencieuse audace de

  1. « Cette chambre devoit être composée, suivant l’article 29 de l’édit de pacification, de deux presidens, l’un catholique et l’autre prétendu réformé, et de douze conseillers, huit catholiques et quatre religionnaires ; mais il fut convenu par un des articles de la conférence de Nérac, qu’il y auroit un président, huit conseillers et un procureur général catholique, qui seroient pris du parlement de Toulouse, et un président, huit conseillers et un avocat du Roi religionnaires. L’édit de création de cette chambre fut vérifié au parlement de Toulouse le 2 de juin de cette année ; elle fut établie dans la ville de l’Isle, au diocèse d’Albi, où on en fit l’ouverture le 22 de ce mois, et où elle subsista jusqu’en 1585. Le président et les conseillers protestans demeurèrent toujours fixes ; mais le Roi changea de temps en temps les catholiques, pour leur donner le temps de vaquer à leurs affaires. Ce prince donna, le 7 mai, des lettres portant règlement pour l’administration de la justice entre cette chambre et le parlement. » (D. Vaissète, Histoire générale de Languedoc, t. V, l. XL.) Faurin, dans son Journal sur les guerres de Castres, donne les noms de tous les membres de la chambre mi-partie de l’Isle. C’étaient, pour les protestants : Clausonne, président, Arvieu, Auros, Vignoles, Escorbiac, Bastide, Molinier, Favier et la Mer, conseillers ; pour les catholiques : Saint-Jean, président, Ouvrier, Saint-Paul, d’Amendon, Fraccinet, Bauton, Meynial, Vignaves et Rudel, conseillers ; Boncompte, avocat, et Daverano, procureur général.