Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/373

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servoient plus à edification, que, par une continuation de guerre, voir toute pieté et discipline mise dessoubs les pieds, voire qu’ils se fussent contentez à beaucoup moings, plus tost que de n’avoir la paix, laquelle, j’espere, par le moyen de mon dict Sieur, sera plus ferme que les aultres. Je vous prie disposer le monde de delà à la recevoir, et en escrire à ceulx que cognoistrez estre besoing, specialement à mon dict cousin et à monsieur le duc Casimir, afin que, demeurant l’union d’entre nous plus ferme (qui est le vray bien de nostre conservation), nous advisions à servir Dieu, et reedifier les vieilles ruines ; rejettant sur l’ennemy estranger le mal que par ses artifices il a semé parmi nous. Je sçais que vostre creance peut beaucoup à cest effect, et que le sainct desir qui est en vous, par ce moyen produira ung bon fruict ; que ce sera l’approbation de tout ce que nous avons faict, qui, pour mon particulier, n’est sorty d’aultre intention que pour servir à la gloire de Dieu, auquel je prie, Monsr de Besze, vous avoir en sa trez saincte et digne garde.

[HENRY.]



1580. — 4 décembre.

Cop. – Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, n° 50, Lettres historiques, p. 151. Communiqué par M. le préfet.

À MON COUSIN MONSR DE CHASTILLON.

Mon Cousin, Je vous puis asseurer que j’ay porté un extreme regret en la mort de feu monsr d’Andelot[1] vostre frere, et tel que je ne pouvois perdre en ce temps aulcun de mes parens et amys de qui la perte me fust guere plus grande. Je le regrete pour le merite qui estoit en luy, et la belle esperance qu’il donnoit, pour sa vertu et valeur. Et la perte mienne est pour l’affection et fidelité que j’estois

  1. Odet de Coligny, seigneur d’Andelot, cinquième fils de Gaspard de Coligny, amiral de France, et de Charlotte de Laval. Il était encore enfant lors du massacre de la Saint-Barthé1emy, auquel il échappa, ainsi que François, son frère. Cette lettre, adressée à celui-ci, fait connaître l’époque de la mort du jeune d’Andelot, que les généalogistes n’ont point donnée. La seigneurie d’Andelot passa à son frère puîné, Charles de Coligny, pour qui elle fut érigée en marquisat.