Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/392

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sur iceulx avoir vostre advis et conseil. Si vous ay-je quelquefois mandé de mes nouvelles ; et encore dernierement de Bazas, je vous escrivis bien amplement de ce que je pensois qui peust servir à rendre mes actions de la guerre et de la paix plus claires qu’elle ne paroissent en la bouche de beaucoup de personnes, et en rendois raison. Depuis, est arrivé le sr de Quitry, qui m’a rendu vostre lettre du vije du passé, de laquelle et de tout ce dont vous avez conferé, j’ay receu beaucoup de consolation et de contentement. Je vous prie m’advertir à toutes occasions et parler franchement et librement avecques moy. Que si je ne fais mon profit, comme je debvroys, des sainctes admonitions qu’on me donne, pour le moings vous cognoistrez que je ne les rejecte pas. Je sçay que ceste paix qu’il a pleu à Dieu nous donner consiste plus en l’execution qu’en l’escriture, et que la volonté de nos adversaires est plus tost de la nous rendre imaginaire qu’essentielle et veritable. Mais cognoissant les miseres que les Eglises souffroient par la continuation des troubles, voire la dissipation, j’ay pensé qu’il valoit mieulx se remectre ez mains de Dieu qui peut convertir les cœurs, et combattre par bonne voye, que de voir les confusions et les desobeissances qui traversoient toutes limites de crainte de Dieu et d’honneur ; et davantaige qu’il estoit necessaire regaigner sur nous en temps de paix ce qu'avons perdu par la guerre : qui est le restablissement de l’ordre et de l’harmonie requise entre les Eglises, qui par faulte d’intelligence s’en vont en grand’ division. Pour cest effect j’ay convoqué à la fin de ce mois une assemblée generale, où j’espere que Dieu nous fera la grace de pourveoir à nostre conservation, et de regler nos affaires avec un meilleur compas. Nous y avons besoing de personnaiges entendus et versez en affaires, et y desirerois grandement vostre presence, si faire se pouvoit ; si non, je vous prie, Monsr de Besze, nous y subvenir de bons memoires et advis. Au surplus je recognois la charge que Dieu m’a commise, et ne souhaite rien plus, si non qu’il me fasse la grace de m’en pouvoir acquicter dignement ; à quoy j’ay desliberé de m’employer à bon escient et de regler ma maison ; confessant à