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[1581.] — 20 juin.

Orig. autographe. – Biblioth. impériale de Saint-Pétersbourg, Ms. 915, n° 22. Copie transmise par M. Allier, correspondant du ministère de l’Instruction publique.


[À MONSR DE BELLIEVRE.]

Monsr de Bellievre, Depuis vous avoir escript j’ay receu nouvelles de mon comté de Foix par-homme exprès, pour m’advertir de l’entreprinse de Mazeres, laquelle je trouve d’aultant plus estrange, qu’elle a esté dressée par des principaulx officiers du Roy, et que les seneschaus de Lauraguais et Carcassonne y estoyent, mesme qu’une partie de la compaignie de monsr de Montmorency et le capitaine Rousmes y estoient en troupe de plus de douze cens hommes, qui ne sont pas encores du tout separez. Le bruit court que les Catholiques commencent la guerre ; dont mon comté de Foix est tout allarmé : qui est cause que je vous envoye Bysouze, mon secretaire, exprés vous dire que ma deliberation est de m’y en aller pour essayer de remettre les choses ; qu’elles ne passent plus avant, et qu’elles n’attirent de plus violens effectz ou quelque consequence, prejudiciable à la paix. Mais afin que la correspondance soit egalle du costé des Catholiques et qu’ilz y apportent le secours qu’ilz doivent, j’ay advisé de vous prier, Monsr de Bellievre, de monter à cheval incontinent et vous en venir a Toulouse, afin que si on voyoit le feu s’enflammer davantage vous y apportassiez le remede pour le bien de la paix. Aussi tost que je seray là, je le vous manderay, pour conferer ensemble des moyens propres à cest effect. Ne vous pouvant representer que l’entiere affection que j’ay à l’entretenement de la dicte paix, suivant l’asseurance que m’avez donnée de la bonne volonté du Roy, et la bonne disposition que j’ay congnue en vous à vous employer à un si bon œuvre, que les gens de bien ne doivent laisser interrompre par l’artifice des mechans, je remectz le surplus sur ce mien secretaire, pour prier Dieu qu’il vous conserve. D’Aigues-Caudes, ce xxe de juing.

Vostre bien affectionné amy,


HENRY.