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1581. — 6 juillet.

Cop. — Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, n° 50, Lettres historiques, p. 27. Communiqué par M. le préfet.


[À MONSR DE BELLIEVRE.]

Monsr de Bellievre[1], Je croy qu’aurés receu les lettres que je vous escrivis par l’un de mes secretaires exprès, à Bourdeaulx, ne saichant vostre partement. Depuis, j’ay receu les deux vostres du xvie et xxive, auxquelles je respondray selon l’ordre des poincts touchez par ycelles. Pour le premier, qui est de la resolution du Roy à l’observation de son edict de paix, c’est le plus grand heur que nous sçaurions souhaiter, et le plus grand bien qui nous sçauroit arriver, afin que par ce moyen nous rendions preuve de l’obeissance que nous luy devons par quelques signale ; et agreables services qui puissent meriter ses bonnes graces, et que son pauvre peuple puisse respirer soubs la conservation des bons et la depression des mechans, qui s’accroissent par la misere. Je mettray peine en cela de suivre ses susdictes intentions ; et, comme je vous ay mandé, je n’ay rien tant dedans l’ame que d’en voir les vrais effects. Mais quant à ce que Sa Majesté vous a commandé me dire, qu’il trouve fort estrange la resolution de ceulx de la Religion de Daulphiné, qui seuls s’opposent à l’execution de l’edict[2], vous avez esté present aux

  1. Pompone de Bellièvre, seigneur de Grignon, fils de Claude de Bellièvre, premier président au parlement de Grenoble, et de Louise Faye d’Espesses, était né à Lyon en 1529. Il fut successivement conseiller au sénat de Chambéry pendant l’occupation francaise, lieutenant général au bailliage de Vermandois en 1562, chargé de plusieurs ambassades par Charles IX, président au présidial de Lyon en 1569, conseiller d’état en 1570, surintendant des finances en 1575, président au parlement de Paris en 1576, chargé de plusieurs ambassades et négociations importantes sous les règnes de Henri III et Henri IV, l’un des représentants de la France à Vervins, enfin chancelier de France, le 2 août 1599. Il quitta les sceaux en 1605, mais resta chef du conseil, et mourut à Paris le 9 septembre 1607.
  2. « Les chefs des religionnaires ne goûtèrent pas tous également le nouvel édit de pacification ; et Lesdiguières, qui commandoit pour eux en Dauphiné, refusa de désarmer. » (Dom Vaissète, Hist. génér. de Languedoc, l. XL.)