Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/529

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quant à Bazas, je luy ay offert de le mettre en l’estat qu’il doibt estre par l’Edict, dés ceste heure, et toutes fois qu’il voudra ; ce que, pour plus urgens affaires, il a mieulx aimé differer jusques à quinze jours. Et pour Lunel, je ne faudray à escrire à ceulx de Languedoc[1], selon que Vostre Majesté me commande, afin que Vostre Majesté, autant qu’il me sera possible, soit contente des deportemens de ceulx de la Religion, de toutes parts. Et quant à ce qu’ils excusent leur longueur sur moy, Vostre Majesté peut considerer que m’employant si vifvement par deçà pour l’execution de vos edicts et reduction des places, je ne tiendrois pas la main à l’execution ailleurs. En somme, Monseigneur, je vous supplie tres humblement me faire cest honneur de croire que je n’ay aujourd’huy aultre but que de vous faire paroistre la sincere affection que j’apporte à l’effect de vos intentions, et d’amener les choses par deçà hors de tout souspeçon et incertitude, pour, en vous allant baiser tres humblement les mains, emporter ce repos en mon esprit, d’avoir laissé vos provinces de deçà en repos. Or, Monseigneur, je remettray le surplus sur le sr de Lesignan, lequel il vous plaira ouïr et croire de ce qu’il dira à Vostre Majesté de ma part, comme moy mesmes, qui, sur ce, supplieray le Createur vous voulloir,

Monseigneur, conserver longuement et tres heureusement en tres parfaicte santé. De Nerac, le xxje decembre 1582.

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[HENRY.]
  1. La lettre que promet ici le roi de Navarre fut sans résultat, à en juger par les instructions que Henri III fit donner, le 17 mai suivant, au sieur de Rieux, gouverneur de Narbonne, qu’il chargea d’une mission spéciale en Languedoc. « La ville de Lunel, y lit-on, qui est la principale et plus importante de celles qui doivent estre rendues par la paix, est encore detenue par Porquaires, nonobstant les depesches que le Roy de Navarre, sur lequel on a escrit qu’il s’excusoit, a mandé à leurs Majestez avoir faites pour les faire obeïr. » (Dom Vaissète, t. V, Preuves de l’histoire de Languedoc, col. 275.)