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1583. — 22 juin.

Orig. — B. R. Fonds Béthune, Ms. 8860, fol. 20 recto.


À MON COUSIN MONSR DE MATIGNON,

MARESCHAL DE FRANCE.

Mon Cousin, J’ay esté bien ayse d’entendre par vostre lettre vostre acheminement au Mont de Marsan ; et n’eust esté que la plus part de mon train estoit party pour aller en Bearn, je feusse incontinent monté à cheval pour vous y rencontrer. Mais puisque vous faictes le voyage de Bayonne, je desire et vous prie que vous me donniez advis du jour que vous y arriverez, afin que sur cela nous nous puissions resouldre du jour et du lieu du rendez-vous, et que je m’y puisse acheminer pour effectuer ce que nous avons arresté touchant le dict Mont de Marsan. Et pour le regard des lettres de Quercy, que m’avés envoyé, j’y feray faire la response estant arrivé à Pau, où le sieur de Segur, le Pin et aultres de mon conseil, se trouveront, qui en adviseront la despesche. Et, attendant de voz nouvelles, je prie Dieu vous donner, mon Cousin, ses sainctes graces. De Hagetmau[1], ce xxije de juin 1588.

Vostre bien affectionné cousin et meilleur amy,


HENRY.


[2] Mon Cousin, j’avoy oublié de vous mander que, comme j’ay passé

  1. Petite ville de Gascogne appelée aussi quelquefois Agemau, située au pays de Chalosse, sur la rivière de Lons, aujourd’hui chef-lieu de canton de l’arrondissement de Saint-Sever, dans le département des Landes. Cette ville appartenait à la comtesse de Gramont. C’est à cet endroit de la correspondance du roi de Navarre que nous constaterons la première trace de sa liaison avec cette dame, en rapprochant le lieu d’où est datée cette lettre de ce passage des Œconomies royales qui répond à l’époque où Rosny s’en vint trouver le roi de Navarre, au retour de la guerre des Pays-Bas : « Ce prince estoit alors au plus chaud de ses passions amoureuses vers la comtesse de Guichen, laquelle estant allé voir en un lieu nommé Agemau, il receut des nouvelles d’un Espagnol… » (Ire partie, ch. XVIII.)
  2. Le secrétaire de la main, du Pin, à qui le roi de Navarre dictait sans doute ce post-scriptum, a changé ici son écriture, sans imiter toutefois celle de son maître, comme il le faisait souvent avec tant de succès.