Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ainsi que vous mandés, taxée par le Tiers-Estat, et qu’elle veult estre taxée par un gentil-homme : quant au premier point, nous vous dirons, Monsr de Lavardin, que nous avons faict toutes les instances que nous avons peu pour estendre nostre levée sur le plus grand nombre de peuple que nous pourrions ; mais nous n’avons sceu obtenir aultre chose sinon que ladicte imposition se feroit sur ceulx qui jouiroient du benefice de l’edict, chose que si encore elle est dextrement executée, en pourra revenir plus de bien que beaucoup ne s’en promettent, n’estant pas de besoin d’aller demander à ceulx que l’on cognoist estre plus amoureux de leur bien que de la Religion, s’ils veulent jouir, du benefice de l’edict, mais leur proposer gracieusement les affaires et necessitez, et sçavoir ce qu’ils vouldroient doulcement et amiablement donner sans les traicter rigoureusement, de peur qu’ils ne nous eschappent du tout. Ce sont moyens desquels il nous semble que l’on pourra user pour en tirer, comme l’on dict, d’une mauvaise debte quelque chose. Et pour le regard de la deuxiesme particularité, nous vous voulons bien dire, Monsr de Lavardin, que nostre intention n’a oncques esté que la Noblesse fust taxée par un roturier, n’ayant pas entendu de traicter ni respecter si peu ladicte Noblesse ; mais avons voulu que la verification et imposition se fist par le commissaire à ce deputé par le Roy, appelé certains gentilshommes et autres en Tiers—Estat, en tel nombre qui seroit advisé pour le mieulx, pour proceder à ladicte verification et imposition. En quoy nous pensons n’avoir rien faict que ladicte Noblesse n’aye eu ou deu avoir pour bien agreable ; comme aussi, estant ce general, nous n’en avons pas voulu exclure ceulx du Tiers-Estat, ayant esté d’advis qu’ils y fussent aussy appellez. Nous vous prions donc, Monsr de Lavardin, comme celuy qui peut beaucoup en cecy et dont le zele est tant cogneu, vouloir continuer vostre saincte affection en un affaire si important et necessaire pour la gloire de Dieu, conservation des Eglises de ce royaume, tenant main que, si encores il n’avoit esté esleu quelques gentils-hommes pour l’effect susdict, il y soit incontinent satisfaict, tellement que ladicte verifi-