Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/651

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assavoir que, des proces où l’une des parties est catholique, la dicte chambre n’en doibt congnoistre ; il plaira à Vostre Majesté commander que le dict partaige soyt promptement vuydé sans y user de remise ne longueur, comme il y a eu depuis ung an qu’il demeure indecis, au grand prejudice des parties, retardement du cours de la justice et entretenement de l’injustice. Je sçay, Monseigneur, que les courses et voleries qui se font d’une part et d’aultre en Languedoc empeschent que le cours de la justice soyt aussy libre comme il devroit, et Dieu sçait le regret et le deplaisir que j’en ay, et le desir de ma part de pouvoir y remedier et à beaucoup d’aultres inconveniens que je congnoys, comme aussy de faciliter l’execution des bonnes intentions de Vostre Majesté. Mais l’aigreur et animosité y est si grande et si eschauffée pour se ruyner les uns les aultres, que toutes les depesches et desseings de Thoulouze tendent tousjours à la guerre, jusqu’à faire offres qui leur sont du tout impossibles pour, à quelque prix que ce soit, fust aux despens de tout l’Estat, exercer leurs passions et vengeances, ainsy qu’il se pourra cognoistre par les depesches et memoires que Combelles, conseiller au parlement du dict Thoulouze, porte à present à la Court. De sorte, Monseigneur, que je suis de plus en plus confirmé en ceste opinion, comme j’ay desja dict cy dessus, [n’y avoir] aultre plus prompt ny plus aysé moyen que la dicte assemblée, laquelle se rendra ennemye des volleurs et infracteurs de vos edictz, s’ils n’obeissent, ainsy que j’ay donné charge au sr de Chassincourt vous faire plus particulierement entendre. Par mesme moyen on pourra donner à Vostre Majesté contentement pour le regard de Lunel. Et aprés cela je m’employeray à bon escient à La y faire obeir, encores que le dict lieu ne soit en mon gouvernement. Mais sur ce je ne puis obmectre à dire à Vostre Majesté qu’il me semble que la reddition du Mont de Marsan n’a rien de commun avec celle de Lunel, d’aultant qu’avant toutes choses ma dicte ville et maison me devoit estre rendue, suivant l’edict et plusieurs commandemens de Vostre Majesté, comme je n’y ay faict aultre chose qu’executer l’edict et conserver mes anciens privileges, et droitz de mes prede-