Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome3.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
228
LETTRES MISSIVES

i sera-ce avec une necessite et abstinence incroyable, laquelle ils ont jusques icy supportée telle, qu’il faut confesser que nous nous y sommes, tous trompez. Mais lay bonne opinion qu’ils s'y tromperont aussy.à la fin, et qu’il sera mal ay-sé qu’ils m’eschappent à ceste lois. ll y a plus de vingt jours que le duc du Maine est à l’entour de Soissons, ramasg sant ses troupes, qui sont maintenant toutes ensemble et peuvent faire prés de trois mille chevaux, et de huit à dix mil hommes de pied. Il ne commence à cheminer que despuis hier, et tiennent qu’ils vont loger à La Ferté-Milon. De là, il ne tiendra qu’à luy qu’en deux jours _ il ne soit à nous. Mais il y a quelque apparence qu’il ne le fera pas ; car il est bien adverty qu’il y a icy la` plus belle troupe de noblesse _‘ ensemble qu’il y eut peut—estre de trente ans en France. Car pour trois mille gentilz-hommes (j’estime qu’il y en ayt plustost plus que — ? moins), d’infanterie j’ay plus de six mille que Suisses que lansquenets, ` — etde François davantage : de sorte que je ne pense pas que le dict duc, ‘ du Maine veuille prendre le hasard de ce combat, ayant essayé que nos hommes sont beaucoup meilleurs que les siens, si ce n’estoit qu’il voulust tenter de recouvrer sa reputation toute entiere. Et comme il Q _ `_ perdit, estant le plus fort, à gagner ; aussy maintenant qu’il est le plus i Ãfoible, Dieu en ordonnera sa volonté 2. Mais j’ay bonne esperance qu’il ne retirera point sa benediction d’où il l’a premierement don- . née. Comme vous en attendrés des nouvelles en bonne devotion, je ' suis aussy attendant des vostres ; et desirons qu’il fust vray que vous i fussiés devant Toulouse, comme nous sommes devant Paris, car je l tiendrois à bon augure que ces deux grandes villes tomberoient à mesme temps, dans lesquelles se trouveroient les clefs de beaucoup ` i d’autres. Au reste, mon Cousin, me trouvant en grande peine de don- ` ner quelque commodité à mon cousin le mareschal de Matignon, pour ` Fentretenement de son armée, et aussy sur ce que m’a esté rapporté de la necessite en laquelle s’en trouvent tous mes subjects des senes- ’ Le Roi ne pouvait savoir alors que le qui trouverait le moyen de ravitailler Pa- duc de Mayenne arriverait avec le duc de ris sans accepter la bataille. Parme, le meilleur capitaine du temp’s, _ ‘