Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/145

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arresté et ordonné pour leur regard ; qui ne se peut toutesfois que par les ordres et formes accoustumez, où neantmoins ne se perdra aulcun tems, ainsy que j’ay plus particulierement faictentendre au s" de Sidnay pour le vous representeri.

Comme aussy, à mesme fin, je luy ay donné particuliere cognois- sance de l’estat de mes forces, qui se rendront de jour à autre plus grandes par la prosperité qu’il plaist à Dieu donner à mes affaires ; i mais je ne vouspuis nier que, estant besoing de pousser par grandes gratifipations particulieres les bons mouvemens qulil a suscitez parmy leaipeuple pom l’amener à son devoir, les moyens me sont d’autant ac- courcys. pour ceste heure d’en entretenir le nombrel qui me seroit` ’necessaire pourifaire une suflisante et raisonnable resistance aux grands efforts que le roy d’Espag ne s’est proposé_et preparé de faire contre moy, y employant tous ses sens etmoyens pour essayer de retenir et aug- menterison partyen cehoyaulme. Mesmes présentement j’ay advis d’I— talie qu’il faict une nouvelle levée au dict pays, qu’on publie devoir estre [ » de dix mil hommes de pied et deux mil chevaux, oultre six mil Suisses, qui sont prests à marcher, [le] tout destiné à ce mesme desseing. C’est pourquoy, Madame, je vous supplie ne vouloir en ceste occasion retirer vostre favorable main de l’ayde et assistance de celuy que vous avés desja tant obligé, et de qui festablissement (lequel par vostre bon secours peut estre beaucoupadvancé)/servira dlun bon et fort boulevart contre l’ambition de nostre commun ennemy, et ioeluy contenu en ses limites, qu’il ne pourra gueres depasser. Si Dieu me faict la grace d’acquerir l’obeissance entiere de mes subjects, nul autre n’aura la force ny la hardiesse de susciter aulcun trouble en nos affaires, avec ce que vous y serés tousjours servye de tout ce qui pourra despendre de moy.

Vous estes assez informée de la nouvelle descente de gens de guerre qtfilëa fait faire en Bretagne et du nombre qu’il y en a main- tenant, qui pourra faire dangereux progres, s’il n’y est maintenant i pourveu ; et je ne puis envoyer les Suisses que j’ay destinez, si je n’ay,

l C’est aLdire, le nombre de mes forces ; ce que ladongueur de la phrase rend difficile à comprendre au premier abord. . —