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LETTRES MISSIVES


cueur le desir de Dieu [et de] ceste singuliere grace que d’estre receu au giron de l’eglise catholique, apostolique et romaine, de laquelle, depuis, il a pleu à sa divine majesté me bienheurer par l’inspiration de son S* Esprit, qui a pour ce regard operé dans mon ame ce que toutes les armes, je ne diray de mes ennemys, car elles ont tousjoursesté trop foibles, mais de tout le monde ensemble, ny toutes les grandeurs de la terre, ifeussent jamais accomply. Or comme Dieu m’a comblé de ce bonheur, il a quant et quant descouvert si clairement que la Religion qui servoit de pretexte à mes ennemys estoit une pure am bition, que peu de personnes dedans et dehors mon Royaume en doubtent maintenant. Aussy puis—je dire avoir quasy plus faict que je ne devois pour leur faire sentir, tant en general qu’en particulier, que ma bonté est encores plus grande que leur malice ; car il n’a tenu et ne tient encores que à eulx qu’ils_n’ayent part au bon et favorable traictement que ont receu de moy tous ceulx qui les ont quictez pour me servir. A quoy, s'ils se feussent disposez comme leur debvoir et honneur les obligeoit, ils eussent plus faict pour .la religion par leur ‘ obeissance qu’ils n’y ont advancé avec leurs armes, que Dieu et les hommes ont condemnées, pour avoir abusé de son saint nom et de la simplicité des peuples. Et comme je vous ay 'tousjours estimé tres prudent et afiectionné au bien et repos de mon Royaulme, je fus tres ayse aussy quand je sceus vostre allée à Rome, laquelle, je m’asseure, eust esté plus fructueuse, si chacun y eust cheminé d’aussy bon pied que vous, et si vous eussiés trouvé Nostre Saint Pere mieulx informé de la verité de- mes actions et de l’estat de la France, ayant eu .ce malheur que l’une et l’autre luy ont esté tousjours desguisez, de façon que si Dieu, qui a tousjours esté mon seul reffuge, et sera, s'il luy plaist, jusques à la [in, ne m’eust secouru, je 11`eusse eu le moyen de tesmoigner à Sa Saincteté et au Sainct-Siege l’honneur et reverence que je leur porte, et le desir que jlay de. meriter le nom de Premier « fils de l'Eglise et de Roy Tres Chrestien, que mespredecesseurs m’ont delaissé. Et encores que l’on ayt faict bien peu de compte du grand devoirauquel je me suis mis jusques à present pour ce regard, voire