le duc de Mercure ; car j’ay appris par ses lettres adressantes au duc
de Mayenne, que j’ay prises, qu’il n’a permis la conference qui se faict
ài Ancenis que pour complaire à la Royne sa sœur, donner contente-
ment à ceulx du pays et attendre que la dicte dame royne d’Angleterre
eut retiré les Anglois. A laquelle vous dires que mon armée, conduicte
par le mareschal de Biron, allant du costé de Lyon, a esté appellée et
logée dedans ladicte ville de Beaune par les bons babitans d’icelle,
que le duc de Mayenne avoit deux jours devant si gourmandez qu’il
les avoit mis en desespoir, comme il a faict tous ceux des aultres villes
du pays, de sorte qu’il est contrainct maintenant de les faire empri-
sonner et souvent massacrer, comme il a depuis peu pratiqué en celle
de Seurre, ou il les a tous faict tuer, ayant descouvert qu’ils se vou-
loient rendre a moy comme ceulx dudict Beaune ; où ils travaillent
maintenant a forcer le chasteau, dedans lequel il n’y a que cinquante
à soixante hommes ; mais le dict duc les a faict repaistre d’esperance x
de secours, comme il a faict toutes les aultres places qu’il a perdues à
ses yeux. Ils ont failly aussy une entreprinse qu’ils esperoient executer
sur ma ville de Lyon, par l’intelligence et assistance de certains traitres,
habitans de la dicte ville, qui en ont esté pendus et cliastiez. C’estoit
fesperance qui avoit faict avancer et passer les monts à letu nouvelle
armée par les grands froids, de laquelle se voyans deceus, vous pouvés
croire qu’ils sont bien incertains et empescliez de ce qu’ils doibvent `
faire. Tespere que les aultres leur succederont aussy mal, et que Dieu,
vray protecteur de la justice, fera fondre ceste armée comme les aultres,
à la confusion du dict roy d’Espagne, ce qu’il semble que toute la
Chrestienté pronostique desjà, et mesmes à Rome ; car le Pape faict plus
de demonstrations qu’il n’a poinct encore faict, de me vouloir conten- _
ter, sans m’obliger de vouloir traicter avec le dict roy d’Espagne ny
faire chose qui trouble mes affaires. J’ay nagueres faict delfaire aussy
la garnison de gens de cheval de Soissons par des compagnies que
_i’avois logées auprés de la dicte ville, ou il est demeuré plusieurs
prisonniers, desquels je me serviray pour faciliter la delivrance du
gentilhomme anglois, que la dicte dame avoit depesché devers moy,
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LETTRES MISSIVES