Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
312
LETTRES MISSIVES


le duc de Mercure ; car j’ay appris par ses lettres adressantes au duc de Mayenne, que j’ay prises, qu’il n’a permis la conference qui se faict ài Ancenis que pour complaire à la Royne sa sœur, donner contente- ment à ceulx du pays et attendre que la dicte dame royne d’Angleterre eut retiré les Anglois. A laquelle vous dires que mon armée, conduicte par le mareschal de Biron, allant du costé de Lyon, a esté appellée et logée dedans ladicte ville de Beaune par les bons babitans d’icelle, que le duc de Mayenne avoit deux jours devant si gourmandez qu’il les avoit mis en desespoir, comme il a faict tous ceux des aultres villes du pays, de sorte qu’il est contrainct maintenant de les faire empri- sonner et souvent massacrer, comme il a depuis peu pratiqué en celle de Seurre, ou il les a tous faict tuer, ayant descouvert qu’ils se vou- loient rendre a moy comme ceulx dudict Beaune ; où ils travaillent maintenant a forcer le chasteau, dedans lequel il n’y a que cinquante à soixante hommes ; mais le dict duc les a faict repaistre d’esperance x de secours, comme il a faict toutes les aultres places qu’il a perdues à ses yeux. Ils ont failly aussy une entreprinse qu’ils esperoient executer sur ma ville de Lyon, par l’intelligence et assistance de certains traitres, habitans de la dicte ville, qui en ont esté pendus et cliastiez. C’estoit fesperance qui avoit faict avancer et passer les monts à letu nouvelle armée par les grands froids, de laquelle se voyans deceus, vous pouvés croire qu’ils sont bien incertains et empescliez de ce qu’ils doibvent ` faire. Tespere que les aultres leur succederont aussy mal, et que Dieu, vray protecteur de la justice, fera fondre ceste armée comme les aultres, à la confusion du dict roy d’Espagne, ce qu’il semble que toute la Chrestienté pronostique desjà, et mesmes à Rome ; car le Pape faict plus de demonstrations qu’il n’a poinct encore faict, de me vouloir conten- _ ter, sans m’obliger de vouloir traicter avec le dict roy d’Espagne ny faire chose qui trouble mes affaires. J’ay nagueres faict delfaire aussy la garnison de gens de cheval de Soissons par des compagnies que _i’avois logées auprés de la dicte ville, ou il est demeuré plusieurs prisonniers, desquels je me serviray pour faciliter la delivrance du gentilhomme anglois, que la dicte dame avoit depesché devers moy,